2025 / DOWN TO EARTH
La Galerie Marguo a le plaisir de présenter Down to earth (Retour à la terre), une exposition en duo de l’artiste français Laurent Pernot et du designer coréen-suédois Patrick Kim-Gustafson, du 23 janvier au 22 mars 2025 à Paris.
















Down to earth évoque dans son sens premier l’immanence et les pouvoirs allégoriques de la matière, mais aussi la nécessité de ce retour à la nature dans ce qu’elle peut être source d’inspiration, de créativité, face aux réalités environnementales qu’elle nous impose aujourd’hui. Après une première collaboration des deux artistes à Art Paris 2024, cette exposition prolonge leur dialogue sur leur utilisation des éléments organiques, notamment le feu comme force à la fois destructrice, transformatrice et préservatrice. S’inspirant de leurs relations respectives avec la terre – celle de Pernot est ancrée dans un héritage agricole et celle de Kim-Gustafson est façonnée par une vie consacrée au travail du bois – leurs œuvres offrent une réflexion sur les cycles de la nature, de la matière et du temps.
Designer de formation, Patrick Kim-Gustafson aborde le travail du bois comme un processus tactile et intuitif. À partir de poutres de chêne récupérées, dont certaines ont plus d’un siècle, il crée des pièces qui brouillent la frontière entre la sculpture et le mobilier, confondant avec humour la distinction entre la forme et la fonction. Inspiré par son éducation dans le paysage suédois, Kim-Gustafson présente une série de tabourets en bois imprégnés d’un certain animisme qui rappelle le folklore local inspiré des forêts et des arbres : les forêts sont un écosystème mystique vital pour la vie humaine et non humaine, comme l’évoquent les illustrations de trolls, de fées et de gnomes du peintre John Bauer du 19e siècle. Utilisant des techniques comme le yakisugi japonais, qui préserve le bois par un processus de carbonisation, les tabourets sont regroupés, comme un quorum, évoquant leurs formes ancestrales ainsi que le savoir-faire et l’histoire qui les traversent.
Pernot expose, quant à lui, des oeuvres de sa série Les rêves noirs : paysages composés d’incrustations de bois brûlé et peint, de chutes de marbre et de feuilles d’or. Les contrastes de temporalité inhérentes à ces matériaux, ainsi que les scènes qu’ils dépeignent, à l’instar de ces coquelicots de feu (espèce endémique de Californie) qui ne germent qu’à la suite de feux de forêts, semblent rendre tangible l’échelle autrement imperceptible des temps géologiques, et évoquent continuellement, à la fois dans la matière et les sujets représentés, les phénomènes épisodiques de destructions et de renaissances propres à la nature.
En parallèle, Laurent Pernot présente deux vidéos inédites. La première, Burning the sky, montre un condor royal planant dans le ciel et saisi par les flammes. L’oiseau en voie de disparition symbolise la faune sauvage affectée par les incendies, naturels ou causés par l’homme, et rappelle alors la question de la survivance inhérente à toutes les espèces à l’ère de l’anthropocène. Mais il invoque également le phénix, la mythologie, les civilisations passées et le sacré, en représentant la puissance, l’immortalité ainsi qu’un lien entre le ciel et la terre, entre l’homme et le cosmos. Dans Les joies invaincues, l’artiste nous invite à la contemplation méditative de scènes de célébrations collectives qui proviennent de films amateurs d’archives, sur une musique au piano interprétée par Vanessa Wagner. Par la projection lumineuse de ces images sur des volutes de fumées, aussi évanescentes que fugaces, l’œuvre interroge nos rapports au temps, à la mémoire et à la disparition, mais aussi la persistance de la joie et de l’amour comme forces fondatrices, ardentes et atemporelles de nos existences.