Formé à la photographie à l’Université Paris VIII, puis à la vidéo au Fresnoy studio national des arts contemporains à Tourcoing, Laurent Pernot façonne depuis une quinzaine d’années une oeuvre polymorphe. Sa pratique artistique englobe à ce jour une grande variété de médiums, dont la vidéo, la photographie, la peinture, l’installation, la sculpture et les dispositifs numériques.
Son travail explore les thèmes du temps, de la mémoire, de la disparition, avec une dimension poétique et existentielle. Laurent Pernot s’intéresse particulièrement aux questions de l’impermanence, de la fragilité de l’existence, et du rapport entre l’homme et la nature. Son langage visuel s’articule souvent autour de références à la littérature, à la poésie, à la philosophie, entrant parfois en résonance avec des lieux, des objets ou des personnalités historiques (Hannah Arendt, Roland Barthes, Léon Blum, Eugène Delacroix, Émilie Dickinson, Françoise Héritier, Friedrich Hölderlin, Novalis, Fernando Pessoa, etc.).
À travers des installations interdisciplinaires, discrètes ou monumentales, Laurent Pernot propose des éléments visuels et conceptuels qui impliquent une dimension de contemplation, une certaine attention à la matière, aux formes, mais aussi à l’écriture. Et ses expositions conduisent souvent le spectateur dans un temps hors du temps, comme suspendu, à l’instar d’une expérience photographique, jouant avec notre perception.
Conjuguant l’impermanence à la beauté du monde, l’amour à l’éternité, le souvenir à l’oubli, ou encore la célébration à la mélancolie, ses œuvres nous confrontent aux paradoxes qui nous habitent ; elles invitent à repenser notre mémoire et notre nature communes, méditant sur notre relation au temps long par opposition au destin éphémère de l’humain.
Son travail a notamment été exposé à la Fondation Miro à Barcelone, à la Sketch Gallery à Londres, au Long Museum à Shanghai, au MMOMA à Moscou, au musée Alvar Aalto en Finlande, à l’ambassade de France à New Delhi, au MUBE à São Paulo ainsi qu’en France à l’Espace culturel Louis Vuitton, au Palais de Tokyo, à la Maison Rouge, au Centre Georges Pompidou, au musée Delacroix, au MAC-VAL, au domaine Pommery, au Voyage à Nantes, à l’ICA Villeurbanne, au LaM Villeneuve-d’Ascq, au château Toulouse-Lautrec, au domaine national de Saint-Cloud, à Saint Laurent Rive droite Paris et Los Angeles. Il a collaboré avec Jean-Paul Gauthier ainsi qu’avec plusieurs metteurs en scène de danse et de théâtre, puis a récemment été invité à la direction artistique et la scénographie d’une exposition au musée du Louvre-Lens. Laurent Pernot a reçu plusieurs commandes d’œuvres permanentes dans l’espace public, il a été lauréat du prestigieux Prix SAM pour l’art contemporain en 2010. Son travail se trouve dans des musées, des fondations et des collections à travers le monde, il est représenté par la galerie Marguo à Paris.
Aucun homme n’est maître du vent, chacun tient sa voile comme il peut. Laurent Pernot
Qu’ils sont grands les orages que soulève l’homme, ce petit animal qui s’évanouit comme une fumée ! Érasme (Complainte de la paix, 1516)
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Extrait d’interview avec Bernard Le Magoarou, revue du Centre des Monuments Nationaux, #13, 2022 :
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Je dirais d’abord la poésie et la philosophie. J’ai toujours été sensible aux rapprochements entre les deux, de même que j’ai toujours été attiré par des auteurs qui ont en commun une certaine philosophie de la condition humaine, comme Lucrèce, Hölderlin, Novalis, Emily Dickinson, Edouard Glissant ou Virginia Woolf par exemples. Ensuite, quand on est artiste, la création est un labour quotidien, et l’inspiration un état d’éveil qui incite à observer constamment. Toute chose peut être la source ou le sujet d’une œuvre, les contemplations de la nature comme les irruptions du hasard. J’évoquerais enfin l’amour, source essentielle dans ma vie et force qui, comme le courant d’un ruisseau, tourne les roues et abreuve les fleurs sur ses rives. Aimer élève au-dessus d’un réel qui empiète parfois sur l’imaginaire.